CES 2025 : quels enseignements pour aujourd’hui et pour demain ?

Le 27 janvier 2025 |
250 000 m², plus de 4500 exposants et 150 000 participants : cette année encore, le CES – Consumer Electronics Show – de Las Vegas a réuni, du 7 au 10 janvier, l’écosystème mondial de la Tech et tenu son rang de carrefour international de l’électronique et du digital. Décryptage des grandes tendances qui dessinent l’économie et le monde de demain. Rendez-vous incontournable des géants et des startups et vitrine des innovations les plus révolutionnaires, le CES est le visage du monde d’aujourd’hui et ouvre une fenêtre sur ce à quoi ressemblera l’environnement dans lequel nous vivrons et travaillerons demain.

L’avènement de l’IA et la révolution des robots, sources d’avancées majeures

Première leçon du CES 2025 : l’omniprésence de l’intelligence artificielle, que l’on va retrouver dans la plupart des objets de la vie courante. L’IA est aujourd’hui intégrée à nos téléphones, à nos véhicules, à notre mobilier ou à nos stylos. Elle va rapidement devenir un composant majeur de notre vie quotidienne. De la même manière, elle s’installe désormais au cœur des modèles des entreprises. Plusieurs des startups présentes à Las Vegas utilisent en effet l’IA générative pour l’ensemble de leurs activités et des usages de leurs produits ou services. Dans ce domaine, les perspectives de progrès les plus spectaculaires concernent l’education technology, avec la création d’outils, de solutions et de modèles qui permettent des expériences d’apprentissages augmentées.

Seconde révolution, celle des robots. Qu’ils soient pilotés ou autonomes, les modèles présentés à Las Vegas affichent des capacités inédites en matière d’interaction et atteignent de remarquables niveaux de précision dans la reproduction des gestes humains.  Ces performances ouvrent clairement des perspectives très prometteuses. Leurs nouvelles capacités gestuelles permettront par exemple d’utiliser ces robots pour des missions d’exploration, d’inspection ou de nettoyage dans des environnements extrêmes et inaccessibles aux êtres humains. De même, leurs aptitudes à l’interaction nous feront également franchir de nouveaux seuils dans l’aide et l’assistance aux personnes isolées ou déficientes.

L’édition 2025 du CES confirme également que des progrès immenses pourront être accomplis dans le domaine de la santé. Au-delà de certaines innovations aux résultats encore peu fiables – le bodyscan, par exemple –, la coopération entre les technologies permettra de beaucoup mieux, plus rapidement et plus précisément détecter les pathologies, cancéreuses notamment, et de les traiter plus efficacement.

Enfin, le CES a aussi mis en lumière le rôle essentiel joué par les composants électroniques, les potentialités de l’industrie des semi-conducteurs et des micro-puces et le retour en force du Web3 et des cryptomonnaies.

 

L’informatique quantique, moins vite que prévu

Contrairement aux prévisions les plus optimistes, l’utilisation « courante » des ordinateurs quantiques, capables de répondre en quelques minutes à des défis que les machines classiques ne peuvent traiter que sur des milliers d’années, devra encore attendre plusieurs décennies. Ce retard risque, par ricochet, de ralentir certaines transformations, dont on pensait qu’elles étaient imminentes, et de générer des situations de stagnation, là où on considérait que le progrès serait continu.

 

La sécurité des données et la durabilité, grands absents du CES

Si le CES a permis de mettre en valeur les énormes potentialités de progrès de l’IA, la sécurité des données n’a pas été évoquée.  L’environnement réglementaire anglo-saxon est certes différent de celui de l’Union Européenne, mais il apparaît qu’au-delà de ce qu’elle impose, la règle n’est pas parvenue, en matière d’éthique et de sécurité, à éveiller les consciences.  Ce constat doit nous faire prendre conscience que le contexte européen, souvent perçu comme contraignant, est en fait un atout :  en incitant ou en obligeant à des usages vertueux, il favorise l’excellence

L’édition 2025 du CES aura aussi été marquée par le peu de place laissée aux enjeux de durabilité. La green tech n’apparaissait que dans un seul pavillon, et seules de grandes entreprises – comme Samsung ou Panasonic – en ont fait un thème majeur. Dans la plupart des cas – pour la mobilité par exemple –, les performances énergétiques des modèles présentés n’étaient que rarement prises en compte.

Enfin, l’accès aux technologies, particulièrement en matière de santé, reste aussi un point mort de ce CES. Le coût des innovations mises en lumière, dans la détection et le traitement des pathologies, demeure prohibitif pour le plus grand nombre. Cet enjeu essentiel d’équité dans l’accès aux soins, dont nous savons que de nombreuses startups ont fait une priorité, n’a absolument pas été mis en valeur.

 

Pour la France, une stratégie de présence qui pose question

Pour les puissances technologiques et digitales, le CES est un enjeu d’influence majeur. Cette édition 2025 aura ainsi permis de constater les différentes approches, entre les nations discrètes – l’Allemagne et la Grande-Bretagne, par exemple, et les pays plus offensifs, tels que les Pays-Bas et surtout la Corée du Sud, qui a dominé cette édition.

Avec 800 startups, les Sud-coréens étaient de loin la nation la plus représentée à Las Vegas. Ils ont également reçu près de la moitié des awards décernés cette année. Cette démonstration de force est le résultat d’une politique volontariste et massive d’investissement dans le R&D au cours des 10 dernières années.

Par contraste, la stratégie française s’est révélée beaucoup moins lisible. Si la France bénéficiait ainsi d’un grand pavillon, elle n’exposait que 130 startups – contre 300 il y a quelques années – et un petit nombre d’acteurs plus importants. Par ailleurs, l’absence de diversité – de genre et d’origines culturelles – dans les entreprises hexagonales présentes a aussi contribué à tronquer l’image d’un écosystème entrepreneurial français qui vaut mieux que ce qu’il a montré à Las Vegas.

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