Cyberattaques dans l’aviation : un nouveau règlement pour améliorer la gestion des risques de sécurité

Le 6 mai 2025 |
Face aux cyberattaques de plus en plus nombreuses dans le domaine de l’aviation, l’Union Européenne a adopté le règlement Part-IS en 2023 (Règlement sur la Sécurité de l’Information). Son objectif ? Améliorer la gestion des risques liés à la sécurité de l’information afin de pouvoir réagir de façon adaptée aux accidents susceptibles d’affecter la sécurité des vols et des passagers.

Par Théophile GAULIN et Zi-Long LI 

 

Un cadre réglementaire nécessaire

Depuis plusieurs années, la cybercriminalité touche le secteur de l’aviation partout dans le monde : France en 2023, Seattle en 2024, Malaisie en 2025... L’attaque par rançongiciel (ransomware) du 24 mai 2022, qui a entrainé le blocage de centaines de passagers dans plusieurs aéroports, illustre d’ailleurs les conséquences des cyberattaques dans ce domaine. Si les accidents d’aviation les plus courants sont majoritairement liés au facteur humain ou à des défaillances matérielles, les dysfonctionnements logiciels peuvent également provoquer des incidents graves mettant en péril des vies humaines, bien au-delà des enjeux financiers ou réputationnels. Face à la recrudescence des cyberattaques visant le secteur de l’aviation, l’Union Européenne a récemment instauré un cadre réglementaire visant à assurer la sécurité et la résilience de l’industrie aérienne ainsi que le bon fonctionnement de toutes ses parties prenantes : c’est le règlement « Part-IS », qui sera rendu obligatoire à partir d’octobre 2025.

 

Des exigences pour l’ensemble des acteurs de l’aviation

En établissant des exigences en matière de cybersécurité pour l’ensemble des acteurs de l’aviation civile, le règlement Part-IS comble l’absence de réglementations et de référentiels liés à la cybersécurité dans ce secteur. Son champ d’application s’étend des constructeurs aux opérateurs en passant par les équipementiers, ce qui lui vaut l’appellation d’« Horizontal Rule ». De quoi garantir un niveau de cybersécurité suffisant durant tout le cycle de vie d’un aéronef.

Aujourd’hui, le règlement Part-IS exige que les organismes mettent en œuvre un ensemble de règles et de procédures afin de mieux gérer ce type de risques et de mieux protéger leurs systèmes d’information : c’est ce qu’on appelle communément SMSI (Système de Management de la Sécurité de l’Information), ou SGSI (Système de Gestion de la Sécurité de l’Information). Ils se doivent alors de répondre à plusieurs types d’exigences. Le SGSI doit d’abord être capable de gérer les risques et les événements liés à la sécurité de l’information : les identifier, les évaluer et les traiter selon des procédures claires, afin de favoriser un retour rapide à une situation sécurisée. Pour cela, toutes les entités du secteur se doivent de respecter de façon durable les exigences de conformité liées au règlement Part-IS, notamment en fournissant les ressources nécessaires à leurs équipes. Enfin, les organisations doivent veiller à organiser régulièrement des évaluations de maturité, afin d’identifier les axes d’amélioration existants et de mettre en place les mesures adéquates pour y répondre.

 

Comment se préparer à l’entrée en vigueur du règlement ?

La mise en place du règlement Part-IS s’appliquera en deux temps. Les organismes de production et de conception (hors aéronefs légers européens) d’avions, ainsi que les exploitants d’aérodrome et prestataires de services de gestion des aires de traficdevront ainsi s’y conformer dès le 16 octobre 2025. De leur côté, toutes les autres entreprises du secteur auront jusqu’au 22 février 2026 pour prendre les mesures d’adaptation nécessaires. Si l’entreprise est déjà mature en matière de cybersécurité, les démarches de conformité à réaliser seront moins importantes. Elles pourront notamment inclure la mise en place d’un processus d’amélioration constante selon le principe PDCA (Plan Do Check Act). A l’inverse, si l’entreprise n’est pas encore mature sur le sujet, il sera nécessaire de réaliser une étude comparant les mesures de sécurité actuellement en place et les exigences du règlement Part-IS, afin de mettre en évidence les efforts à effectuer pour y répondre.

 

Face à l’accélération et à la généralisation de l’utilisation des technologies numériques, mais aussi à un environnement économique de plus en plus complexe, les cybermenaces pesant sur le secteur aéronautique tendent à s’intensifier. En vue de l’entrée en vigueur du règlement Part-IS fin 2025, les organisations doivent dès à présent amorcer l’amélioration de leur niveau de maturité en termes de cybersécurité. Pour se lancer dans cette transition, elles peuvent d’ores et déjà faire appel à des structures expertes pour dresser l’état des lieux de leur SGSI, identifier les éventuels écarts avec les dispositions du règlement et établir une feuille de route adéquate.