IA : que faire du temps gagné par les salariés ?
L'arrivée de l'intelligence artificielle a permis des gains de temps importants en entreprise. Que faire de ces précieuses minutes gagnées ? s'interroge Mathilde Le Coz. Les salariés pourraient les utiliser dans les activités qui leur tiennent à cœur ou alors mieux gérer la répartition du temps entre vie personnelle et professionnelle.
L’IA générative, véritable assistance avec laquelle nous pouvons dialoguer, bouscule d’un revers de la main l’ensemble de nos méthodes de travail. C’est aussi le cas dans le domaine des RH avec l’accélération des procédures de recrutement et de montée en compétences des salariés ou la rapidité d’exécution des tâches administratives, bureautiques ou encore en termes de création de contenu.
L’IA en soi n’est pas nouvelle : son déploiement a longtemps servi l’automatisation et la robotisation de certaines tâches, et notamment ciblant des métiers dits « pénibles ». Les cols blancs aussi étaient déjà en contact avec ces IA, encapsulées dans de nombreux outils permettant analyse de données, automatisation de tâches administratives et autres. Toutefois, la question de L’IA générative adresse davantage la notion de création de données sous toutes leurs formes, qui jusqu’alors était réservée à l’intelligence humaine.
En tant que professionnels des RH, notre premier questionnement porte sur l'amélioration de la productivité des salariés grâce à ces assistances et cela pose plusieurs enjeux de transformation des organisations et de formation des collaborateurs, avec en premier lieu le respect de la protection des données.
Équilibre vie professionnelle et vie personnelle
Avant d’envisager tout processus de montée en compétences, encore faut-il en comprendre les limites, les risques et usages et se questionner sur la finalité de cette amélioration de la productivité : que faire des opportunités permises par profit, à la fois pour le salarié et pour ce gain de temps et comment en tirer nos ment de rendre ce gain de l’entreprise ? Faire le choix première productivité au salarié pour assouplir son temps de travail et permettre un meilleur équilibre vie professionnelle/vie personnelle. Cette occasion est d’autant plus d’actualité dans le cadre de la quête de la semaine de quatre jours : la question de la productivité n’est plus un problème dès lors que l’IA prend en charge un certain nombre de tâches bureautiques ou autres créations de contenus, ce qui permet au salarié de se concentrer sur des missions à plus haute valeur ajoutée.
Mais la réduction du temps de travail seule peut-elle être une fin en soi ? Les salariés expriment leur intérêt de pouvoir contribuer à des missions d’intérêt général ou un engagement au service du collectif, tout en développant davantage leurs compétences sur de nouveaux champs. Il paraît plus opportun de développer un modèle qui profite à la fois aux salariés et à l’entreprise, à travers le prisme d’une qualité de vie au travail plus épanouissante et utile à l’intérêt collectif.
Temps de formation
La seconde option pourrait alors être de faire de ce gain de productivité un temps de formation des salariés à des tâches à plus grande valeur ajoutée, qu’elle soit cognitive, émotionnelle ou relationnelle. Pour des professionnels RH, il peut par exemple être envisagé de passer plus de temps aux côtés des managers de l’entreprise, ou d’échanger encore plus longuement et qualitativement avec des candidats. En bref, passer plus de temps qualitatif auprès de notre capital humain ! Cette occasion est d’autant plus profitable dès lors qu’elle est associée à une meilleure qualité de vie au travail par l’allègement de la charge du salarié.
Pour aller plus loin, il est possible de transformer le gain de temps libéré des salariés en leur permettant de le réorienter vers des causes qui leur tiennent à cœur ou des missions proposées par l’entreprise telles que des actions de solidarité ou des missions en faveur de la protection de l’environnement. L’allègement de la productivité perçu se transformerait ainsi en un investissement d’un point de vue sociétal et environnemental qui servirait in fine l’organisation et l’intérêt général.
C’est seulement à partir de cette réflexion que nous pourrons établir des méthodes de conduite du changement en interne, permettant par ailleurs d’éviter toute fracture sociale au sein de l’organisation et favoriser un environnement professionnel plus épanouissant, plus enrichissant et plus en phase avec la société pour les salariés.
Tribune initialement publiée dans Les Échos le 25 juillet 2024.