Approche incontournable dans la mise en place d’un système d’information depuis ces dernières années, l’agilité suscite toujours autant d’engouement de nos jours. L’agilité a tout pour plaire : livraison rapide et de qualité des produits, satisfaction client, productivité et motivation des équipes, etc. Autant d’atouts indispensables aujourd’hui sur un marché où la concurrence est rude. Cependant, cette méthode est-elle infaillible ? Quels sont les défis et les limites auxquels les entreprises doivent faire face lorsqu'elles adoptent cette pratique ?
Par Emilie Banh et Philippine Gamby, Forvis Mazars en France.
Une pratique reconnue qui a fait ses preuves
Les premiers concepts de l’agilité sont apparus dans les années 1980, mais c’est à partir de 2001 qu’est né le Manifeste Agile1 qui a permis de cadrer la pratique de l’agilité autour de 4 valeurs et de 12 principes. Dans un monde en constante évolution, les entreprises doivent faire face à des changements imprévus et répondre rapidement aux demandes du marché. L’agilité a rapidement gagné en popularité. Grâce à ses cycles de développement courts et itératifs, l’agilité a l’ambition de livrer des produits de qualité en un temps record tout en impliquant l’ensemble des parties prenantes : les retours des utilisateurs sont ainsi essentiels pour maintenir la satisfaction client. Par ailleurs, l’agilité peut promettre un rapide retour sur investissement du fait de sa flexibilité dans le développement d’un produit. Les résultats tangibles qu’offre l’agilité permettent aux entreprises de justifier leurs dépenses et de valoriser la réussite d’un projet. Par exemple, Tesla2 a considérablement bouleversé l'industrie automobile traditionnelle en lançant trois modèles de voiture électrique en seulement six ans. Cette approche a ainsi permis à Tesla de démocratiser la voiture électrique avec assistance conducteur.
Des limites et des défis à relever
Outre ces avantages notables, la méthode agile présente également certaines limites qu’il convient de ne pas négliger. L’adoption de l’agilité nécessite une profonde transformation culturelle, entraînant des coûts financiers, humains et temporels élevés, en particulier pour les grandes organisations. Pour réussir cette transition, les entreprises doivent revoir leurs processus, former leurs équipes, et parfois même investir dans de nouveaux outils technologiques.
Une autre limite de l'agilité réside dans son approche incrémentale, qui consiste à diviser un projet en phases ou itérations successives. Bien que cela permette d'obtenir des résultats immédiats, l’aboutissement du résultat final peut s’avérer plus complexe, entraînant des dépassements de budget et des retards pour les projets à long terme. C’est pourquoi il n’est pas rare de voir des entreprises qui innovent dans le domaine des technologies adopter l’agilité. Cette méthode leur permet de livrer rapidement une première version fonctionnelle d’un produit, qui sera ensuite améliorée, réorientée ou retravaillée, sans nécessairement suivre un objectif ou un calendrier strict. Bien que l'accent soit mis sur l'adaptabilité, des rôles clairement définis et des calendriers contraints et cadencés peuvent paradoxalement entraver la flexibilité. Contrairement aux projets « sans méthode », l’agilité ou l’agilité à l’échelle demande parfois de la rigueur et des processus et structures clairement définis dans un cadre imposé.
Bien choisir son approche avant de débuter un projet
Il est donc essentiel de prendre en compte ces limites lors de l'adoption de l'agilité. Les entreprises doivent évaluer attentivement les coûts et les défis associés à cette transformation, tout en adaptant les principes agiles à leur contexte spécifique. Former et accompagner les équipes dans la transformation agile est indispensable pour assurer une adoption réussie. L’agilité est avant tout un état d’esprit. Enfin, il peut être bénéfique de combiner différentes approches pour tirer le meilleur parti de chaque méthode.
L’agilité offre de nombreux avantages mais nécessite une mise en œuvre réfléchie et adaptée aux spécificités de chaque organisation ou projet. Les entreprises doivent évaluer soigneusement les bénéfices et les défis potentiels avant de s’engager dans cette transformation, afin d’en optimiser les impacts positifs.