Vivez le CES 2025 au plus près | Récap' #2 du mardi 7 janvier

Le CES ouvre ses portes en fanfare

Le CES a démarré sur les chapeaux de roues aujourd’hui, fidèle à sa réputation de grand-messe de l’innovation. Plus qu’un événement, c’est un véritable show où tout semble calibré pour impressionner : l’organisation millimétrée, les mises en scène audacieuses et l’énergie effervescente qui parcourt les allées. Ici, tout bouge, tout scintille, et le syndrome du FOMO (fear of missing out) est omniprésent : comment choisir entre une conférence inspirante, le lancement exclusif d’un produit révolutionnaire ou l’exploration des halls d’exposition, véritables labyrinthes de découvertes ?

Mais au-delà de cette féérie technologique, ce qui étonne – et questionne – c’est la vision du monde que le CES projette. Certaines nations y sont omniprésentes, occupant le devant de la scène, parfois de manière écrasante ; on notera l’impressionnante délégation sud-coréenne, qui a envahi l’ensemble des halls du CES avec divers étendards, aux couleurs du pays ou de centres technologiques. D’autres, en revanche, brillent par leur absence. Nous nous réjouissons bien sûr de retrouver un pavillon ukrainien dont le dynamisme impressionne toujours, même si à l’inverse, certains acteurs européens demeurent très sages et presque sur la réserve, comme le Royaume Uni. Ce contraste, bien que révélateur, offre une représentation biaisée, presque tordue, des dynamiques mondiales. Il interpelle sur les enjeux cruciaux de souveraineté numérique à l’échelle internationale.

Alors que la France se prépare à accueillir en février prochain le Sommet international pour l’action sur l’IA, cette réflexion s’impose. Soutenir nos champions technologiques, encourager l’émergence de leaders dans nos nations respectives, et cultiver une vision équilibrée de la technologie et du numérique ne sont pas de simples ambitions. Ce sont des nécessités stratégiques dans un monde où l’innovation est devenue un levier de pouvoir autant qu’un moteur de progrès.

Le CES fascine par son ampleur et ses promesses, mais il nous rappelle aussi que l’innovation sans équilibre peut creuser des écarts inquiétants. Une leçon à méditer pour repenser nos priorités à l’échelle européenne et mondiale.

#1 | La French Tech fait briller Eureka Park   

Au cœur du CES 2025, la French Tech a une nouvelle fois démontré son dynamisme en investissant l’Eureka Park avec un pavillon regroupant plus de 100 startups françaises. Ces jeunes pousses, évoluant dans des secteurs variés tels que la santé, la greentech et la mobilité, ont su capter l’attention par leur créativité et leur engagement. Y déambuler est un véritable plaisir et, contrairement à certaines autres zones du salon, les entrepreneurs sont avenants et ouverts à la discussion avec les visiteurs (à vérifier vendredi selon leur niveau d’énergie après 3 jours de salon !).

Cependant, une tendance préoccupante se dessine : la diminution progressive du nombre de startups françaises présentes au CES, de plus de 300 en 2019 à une centaine cette année, à laquelle nous pouvons ajouter les industriels français, principalement présents dans le pavillon de la mobilité. Coup de chapeau à OPMobility et à son superbe booth qui présente  l’offre One4You pour les systèmes extérieurs des véhicules en combinant l’ensemble de ses expertises. Pour une première participation au CES, c’est validé !

Cette baisse significative interroge toutefois sur la capacité de la France à maintenir sa visibilité et son influence sur la scène technologique internationale, et les récents débats sur l’avenir de la startup nation sont plus d’actualité que jamais dans un climat économique incertain.

Une leçon s’impose dans un environnement aussi concurrentiel, particulièrement mis en exergue lors du CES : il est essentiel de soutenir et d’encourager nos startups pour qu’elles continuent à porter haut les couleurs de l’innovation française. La présence au CES offre une vitrine exceptionnelle pour nouer des partenariats, attirer des investisseurs et conquérir de nouveaux marchés.

#2 | La Corée du sud : partout, tout le temps

Au CES 2025, un pays s’est particulièrement distingué par son ambition et son engagement : la Corée du Sud. Avec plus de 800 entreprises représentées parmi les 4 500 participants, la présence coréenne a littéralement marqué les esprits. Ce n’est pas seulement une question de nombre, mais aussi de qualité : les entreprises coréennes ont raflé 162 des 363 prix décernés lors de l’événement, soit près de 45 % des distinctions.

Cette performance exceptionnelle repose sur une mobilisation sans précédent orchestrée par une trentaine d’institutions publiques et privées coréennes. Des géants comme Samsung et LG ont naturellement brillé, mais ce sont aussi les PME et startups, souvent moins connues, qui ont marqué des points grâce à des innovations audacieuses dans des domaines variés : objets connectés, technologies vertes, robotique et mobilité intelligente.

Cette réussite ne doit rien au hasard. Elle illustre une stratégie nationale délibérée et concertée pour s’imposer comme un leader mondial de l’innovation. Le gouvernement coréen, au travers d’un ministère dédié aux PME et aux startups, a mis en place des dispositifs de soutien financier et logistique pour aider les entreprises à se préparer et à se démarquer. Les grands groupes technologiques ont également joué un rôle clé en accompagnant des startups via des programmes d’incubation et en leur offrant une visibilité accrue. Ce n’est pas pour rien que le pays se classe depuis plusieurs années dans le top 10 de l’indice mondial Bloomberg Innovation, et c’est d’ailleurs le pays qui dépense le plus au monde en R&D par rapport au PIB.

Au-delà des chiffres, cette présence massive envoie un message clair : la Corée du Sud est résolue à renforcer sa place sur la scène technologique mondiale. Le CES n’est pas seulement une opportunité pour montrer des produits ; c’est aussi une scène où se dessinent les rapports de force économiques et technologiques.

Le CES 2025 nous rappelle que l’innovation est autant une course à l’excellence qu’un enjeu géopolitique. La Corée du Sud, avec son impressionnante délégation et ses résultats éclatants, a donné une leçon de mobilisation. À nous de tirer les enseignements de cette performance pour affirmer nos ambitions sur la scène mondiale.

#3 | Les grandes annonces du jour

Le CES réserve toujours son lot d’annonces et de “reveals”, principalement les innovations des géants de l’électronique et de la technologie, qui attendent cet événement pour dévoiler leurs derniers produits.

Pour conclure sur une note très encourageante, l’impressionnante keynote de Panasonic a rappelé à toutes et à tous l’importance de la responsabilité environnementale dans la technologie, avec des usines 100% autonomes en énergie, des circuits de recyclage des batteries, et des engageants forts pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

#4 | Les 3 infos insolites du jour

Incroyable mais vrai

Le CES, ce n’est pas qu’à Las Vegas. Le CES a tenté de s’exporter en Asie, avec cinq éditions successives à Shangai (Chine) entre 2015 et 2019, qui prévoyaient d’être suivies d’une sixième édition en 2020, mais la pandémie a malheureusement avorté ce projet. Depuis, aucun autre projet d’export n’a été évoqué et l’événement CES Asia n’a pas été repris. L’Asie reste très présente pour cette édition 2025, représentant près d’un quart des exposants et avec une impressionnante Corée du Sud, avec toutefois la notable absence de certains géants cette année, notamment en raison des tensions géopolitiques grandissantes, en particulier sur les sujets technologiques et électroniques, entre les deux nations.

A ne pas confondre

Vous avez sans doute entendu parler du projet visionnaire d’Hyperloop d’Elon Musk, visant à installer des tunnels sous vide d’air sous des métropoles embouteillées pour faire circuler des capsules à très grande vitesse… Il en a installé un ersatz à Las Vegas avec le Loop, que nous avons eu la chance d’utiliser à l’occasion du CES.

Dans un décor de béton gris épuré et de néons fluos, un bal de véhicules Tesla se succède pour vous emmener dans les deux tunnels installés au cœur de la ville pour la traverser en un temps record. Bien que la conduite ne soit pas totalement autonome, et que le nombre de stations demeure limité, l’expérience est très étonnante ! Tunnel (très) étroit, éclairage changeant, fluidité de l’expérience, c’est une découverte amusante dont on se doute qu’elle ne peut être passée à l’échelle facilement car les contraintes d’embouteillage… réapparaîtront malheureusement avec un usage intensif.

Le chiffre du jour

20 000 pas, c’est ce que nous avons parcouru pour cette première journée en arpentant une bonne partie du CES… mais nous n’avons pas encore tout vu ! Ce salon est donc un événement qui exige une bonne endurance, tant physique que psychologique pour rester lucide face aux démonstrations toutes plus impressionnantes les unes que les autres !

A demain pour de nouvelles aventures !

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