
Comment faire de la conformité réglementaire un atout compétitif ?
Depuis quelques années, les réglementations visant à renforcer l’éthique et la durabilité des entreprises se densifient. Pour répondre à cet enjeu incontournable, de nombreux défis opérationnels voient le jour. Mais au-delà de l’aspect réglementaire, les processus de conformité peuvent aussi être vus comme un levier stratégique de compétitivité et de maîtrise des risques, s’ils sont bien anticipés.
Par Caroline Leblanc, Amélie Lefebvre et Emilie Palummo.
La conformité comme enjeu stratégique
Bien plus qu’un sujet contraignant et rigide, la conformité peut aussi être perçue comme un atout différenciant valorisant l’éthique, la résilience et la capacité d’adaptation des entreprises. Les régulateurs soutiennent notamment l’idée que les premières organisations qui appliquent ces réglementations sont à l’origine d’un mouvement vertueux collectif. Dans ce contexte, elles sont de plus en plus nombreuses à comprendre que chacun, peu importe sa position dans la chaîne de valeur, a tout intérêt à s’engager dans une feuille de route dirigée par des valeurs d’éthique et de durabilité à long terme. Autant d’éléments qui influencent directement leur croissance et leur pérennité, en inspirant confiance et crédibilité à leurs clients et partenaires.
En revanche, une mise en conformité précipitée (qu’elle soit instaurée pour répondre à l’exigence d’un client, d’un investisseur, d’un établissement bancaire ou financier, ou encore suite au contrôle d’un régulateur) peut engendrer des coûts élevés et complexifier les processus, risquant alors de pénaliser les équipes opérationnelles.
Anticiper pour mieux maîtriser les risques
Pour qu’une mise en conformité puisse optimiser les ressources et minimiser les risques, elle doit avant tout être anticipée. C’est en adoptant cette approche proactive que les sociétés pourront assurer leur sécurité et capitaliser sur un véritable avantage concurrentiel. Les entreprises qui l’ont compris s’assurent ainsi de rester maîtres de leur stratégie.
Prenons un exemple parlant : certaines entités financières ont anticipé les exigences du règlement DORA (Digital Operational Resilience Act) en matière de cybersécurité et les ont intégrées avant même son entrée en vigueur. Ces entreprises ont ainsi évité les surcoûts liés à la mise en place tardive de processus complexes. De même, les entreprises qui ont intégré les exigences de la directive CSDDD (Corporate Sustainability Due Diligence Directive) avant 2026 se sont assuré une meilleure agilité face aux évolutions réglementaires. Être précurseur leur a permis d’éviter de subir des ajustements dictés par les pratiques de leurs concurrents.
Si la mise en place de certaines réglementations s’étire parfois dans le temps suite aux ajustements demandés par les régulateurs, cette période transitoire peut justement être l’occasion d’adapter sa chaîne de valeur de façon plus réfléchie. Et ainsi éviter de changer de cap trop hâtivement. Le report de la mise en œuvre de la directive CSRD en France illustre très bien ce propos. Bien loin d’entraver l’évolution vers plus de transparence, il offre aux organisations la possibilité de planifier leur mise en conformité de façon stratégique. Il en va de même pour la suspension de l’application du FCPA aux Etats-Unis.
Au-delà d’être un cadre légal à respecter, la compliance apparaît surtout comme un atout de pérennité différenciant pour les entreprises qui ont fait le choix de l’anticiper plutôt que d’en subir les changements.
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