Assurer le bien-être des femmes en entreprise : un engagement bénéfique à tous

Le 15 avril 2025 |
En entreprise, les femmes sont davantage exposées aux risques psycho-sociaux que les hommes. Selon un récent baromètre, 44 % des femmes salariées souffrent d’une mauvaise santé psychologique, contre 32 % des hommes [1]. En cause, une charge mentale personnelle et professionnelle plus lourde que leurs homologues masculins, pouvant mener à des situations d’épuisement. Pour garantir le bien-être des salariées, il est essentiel que les entreprises instaurent une culture et des initiatives communes. En s’engageant à relever ce défi, elles jouent un rôle central dans l’épanouissement et la performance de toutes les équipes, indépendamment du genre.

Charge mentale personnelle et professionnelle : un double poids

Malgré des avancées notables ces dernières années, la répartition des tâches domestiques et familiales reste inégalitaire et constitue une source de charge mentale importante pour les femmes. Dans une récente étude, 70 % d’entre elles ont affirmé que ces sujets constituaient effectivement un poids conséquent pour elles [2]. Pour concilier leurs impératifs, les femmes occupent la majorité des postes à temps partiel proposés en France (environ 80 % [3]). La majorité des foyers monoparentaux (82 % [4]) sont en effet tenus par une femme. Dans la sphère professionnelle également, 71 % des femmes affirment avoir une charge mentale pesante [5]. « Ces pressions constituent des facteurs de risques psycho-sociaux importants car elles contribuent à créer des situations d’épuisement physique et mental, menant parfois à des démissions ou à des burn-out », analyse Mathilde Le Coz, Directrice des Ressources humaines et membre du Comité exécutif de Forvis Mazars en France. Depuis la pandémie de Covid, le recours au télétravail ouvre des pistes de flexibilité. « C’est toutefois un outil à double tranchant en cas de charge de travail importante, car il incite à ne jamais réellement achever la journée », alerte Mathilde Le Coz.

Ce facteur de risque impacte particulièrement les femmes, plus enclines à subir les conséquences du « stress numérique ». « Face à l’afflux de mails et de réunions, les salariées sont souvent exigeantes avec elles-mêmes : c’est le ‘‘syndrome de la bonne élève’’. Elles ressentent le besoin de faire plus d’efforts que les hommes pour démontrer leurs compétences, et vivent moins bien le fait de ne pas traiter toutes leurs tâches rapidement. Pour mesurer l’impact de ce stress numérique, Forvis Mazars a co-créé l’Observatoire de l’Infobésité et de la collaboration numérique avec la start-up Mailoop », explique Mathilde Le Coz. Parallèlement, les collaboratrices sont très attachées à l’alignement entre leurs valeurs et celles de leur entreprise, et « le fait de ne pas se reconnaître dans les valeurs d’une structure peut provoquer pour elles un inconfort plus important que pour les hommes, qui semblent dépasser ce blocage plus facilement », précise Mathilde Le Coz.

 

Créer une culture commune, de la théorie à la pratique

Les codes culturels qui régissent inconsciemment le fonctionnement des entreprises ne sont aujourd’hui plus suffisamment adaptés à la vie quotidienne des salariées. Ce constat se ressent particulièrement au sein des fonctions à hautes responsabilités. « Davantage de femmes accèdent aujourd’hui à de hauts niveaux hiérarchiques, mais l’organisation ne tient pas toujours compte de leurs besoins. Beaucoup ressentent de la lassitude à l’idée de devoir se battre pour conserver leur poste », souligne Mathilde Le Coz.Si aujourd’hui, certaines habitudes sont culturellement admises en entreprise (horaires impactés par la vie de famille, congé parental, absence pendant les vacances scolaires), dans les faits, les femmes continuent à ressentir de la culpabilité à ce sujet. « Les organisations ont un rôle central à jouer pour leur permettre de déculpabiliser : bien plus que tolérer ces pratiques, elles se doivent de les encourager via des actions inclusives. Par exemple, privilégier des horaires de réunion situés entre 9h et 18h. De son côté, Forvis Mazars a choisi de mettre en place des programmes de coaching pour conseiller les femmes occupant de hauts niveaux de postes. Mais la responsabilité de corriger les dysfonctionnements les plus ancrés revient avant tout aux entreprises ».

Au-delà des oppositions de genre, le bien-être et la santé mentale des salariés doivent être abordés de façon mixte et non-différenciée, au risque de créer un déséquilibre dans le traitement de chacun. « Changer les habitudes en profondeur passe par l’adoption d’initiatives communes, car les hommes ont toute leur place dans ce combat. Le congé second parent proposé chez Forvis Mazars permet notamment au conjoint de profiter de 70 jours de congés après une naissance ». Les leviers de motivation professionnelle, autrefois assez genrés (statut, réussite et reconnaissance pour les hommes contre liberté, écoute et respect pour les femmes), tendent aujourd’hui à s’harmoniser. « Chez les jeunes générations, ces ambitions sont universelles, et ce qui est instauré pour les uns sera bénéfique aux autres. De quoi créer un environnement inclusif et épanouissant pour tous, et tirer l’ensemble de l’entreprise vers le haut ».

 

Ecoute et diversité comme leviers d’attractivité et de performance

Du côté du recrutement et de la marque employeur, instaurer une atmosphère de confiance constitue un levier central d’attractivité et de rétention des talents. « Hommes comme femmes ont besoin de sentir qu’ils peuvent communiquer ouvertement lorsque la situation ne leur convient pas : le premier garant du bien-être au travail, c’est d’abord de se sentir respecté. Au sein du cabinet, nous lançons actuellement un chantier de transformation managériale via des formations obligatoires autour des sujets d’éthique, de lutte contre le harcèlement ou contre les biais inconscients. Nous travaillons aussi à identifier les difficultés rencontrées par nos talents féminins à travers une enquête interne axée sur la mixité ». 

Enfin, offrir un environnement de travail diversifié et à l’écoute de tous, c’est surtout favoriser l’engagement, la productivité et la performance. Des équipes peu épanouies ne peuvent effectivement pas profiter d’une atmosphère propice à la créativité, aux prises de risques ou à l’expression des points de vue. Le fait d’oser prendre la parole et partager ses idées est souvent conditionné par le degré de confiance et de bienveillance ressenti vis-à-vis d’une hiérarchie. « L’écoute et la diversité dans une équipe sont des signaux rassurants pour clients et prospects, car c’est pour eux la garantie de profiter du plein potentiel des talents d’une entreprise. A l’inverse, un salarié peu considéré ou déconnecté de son poste et de ses valeurs ne fournira pas un travail aussi qualitatif », conclut Mathilde Le Coz.

 

Si veiller au bien-être des femmes au travail est un enjeu incontournable pour éviter les risques psycho-sociaux et conserver les talents, cet engagement doit avant tout s’inscrire dans une culture commune afin de répondre également aux aspirations des jeunes générations. Bien plus qu’une question de genre, l’épanouissement et la santé mentale des collaborateurs apparaissent comme un atout fondamental, vecteur de performance, de créativité et de productivité. 

  

[1] Baromètre Malakoff Humanis, 2023

[2] Baromètre de la charge mentale des femmes salariées, IFOP

[3] Vie Publique.fr

[4] Sénat.fr

[5] Baromètre de la charge mentale des femmes salariées, IFOP

 

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