Oser le management par le cœur !

Le 24 décembre 2024 |
Le management par le cœur repose sur une idée simple, mais révolutionnaire : la manière d’atteindre un objectif est tout aussi importante que l’objectif lui-même. A l’heure où les entreprises réinventent leurs modèles de leadership pour répondre aux aspirations de leurs collaborateurs et aux exigences toujours plus fortes des parties prenantes, le management par le cœur s’affirme comme un levier stratégique puissant.

Ce modèle s’articule autour de trois principes. Le premier, la générosité : plus on donne, plus on reçoit. Le second, la gratuité : donner sans attendre immédiatement en retour. Le troisième, la gentillesse, pour établir des relations durables et authentiques. Ces valeurs sont des atouts pour renforcer l’engagement et augmenter la performance des équipes. La bienveillance sans complaisance, la santé mentale et le bien-être des collaborateurs deviennent alors des priorités, pour atteindre un leadership sensible, attentif et inclusif. Les émotions ne sont plus perçues comme des faiblesses, mais comme des leviers d’un management efficace.

 

Oser être soi-même dans des organisations codifiées

Lorsqu’elles accèdent à des fonctions à responsabilités, les femmes sont souvent confrontées à des systèmes marqués par des codes dits « masculins », valorisant des approches centrées sur les résultats, la rationalité et une forme de distance émotionnelle. Faut-il se conformer à ces codes pour réussir, ou au contraire, revendiquer une autre manière de manager ? Pour de nombreuses femmes managers, cette quête de cohérence, passe par le rejet des injonctions contradictoires et la volonté de challenger les normes établies. L’objectif : valoriser des qualités souvent sous-estimées, mais essentielles telles que la sensibilité qui permet de comprendre les besoins des équipes et de favoriser une communication efficace ; l’empathie qui renforce la collaboration et désamorce les conflits et l’intelligence émotionnelle qui améliore la prise de décision en prenant en compte les besoins individuels et collectifs. Si ces qualités ne sont pas l’apanage des femmes, nombreux sont les hommes qui ne s’autorisent pas à les exprimer dans le cadre de l’entreprise. Une autocensure découlant d’une socialisation ancrée dans des schémas genrés, qui valorisent la rationalité au détriment de l’authenticité émotionnelle.

 

Réinventer les modèles : une question de courage et de maturité

Dans des organisations très codifiées, l’adoption de ce modèle de management requiert un véritable courage et implique de redéfinir les normes sans céder aux tensions entre résultats et humanité. Les femmes qui s’engagent dans cette voie doivent pouvoir assumer pleinement leur authenticité, en déconstruisant les biais inconscients, ouvrant ainsi la voie à un management où les émotions sont reconnues comme une force et non un frein. Cette démarche incite également les hommes à exprimer, eux aussi, leur véritable nature, créant ainsi un environnement de travail plus inclusif où chacun, indépendamment de son genre, peut s’épanouir pleinement et exprimer son potentiel.

 

Un modèle opérationnel et performant

Le management par le cœur fonctionne concrètement au sein des organisations. Celles qui adoptent un modèle inclusif constatent un engagement accru de leurs collaborateurs, une meilleure créativité et une résilience renforcée face aux crises. Par exemple, les entreprises à gouvernance mixte, qui tirent parti de la complémentarité des visions masculine et féminine, témoignent de l’efficacité de ce modèle : augmentation des marges opérationnelles, engagement des collaborateurs, rétention des collaborateurs et des clients1

Choisir ce modèle de leadership, c’est donc placer les humains et leurs différences au centre pour construire un avenir porteur de sens et d’engagement partagé. Pour s’ancrer durablement dans les organisations, ce management ne doit pas être perçu comme une question de genre, mais être porté par tous.

 

1 Source : Sodexo — Étude sur l’équilibre entre les sexes 2018 : Résultats étendus sur 5 ans. 

 

Tribune initialement publiée dans Les Echos, le 17 décembre 2024.

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