L'impact non négligeable du contexte macro-économique
La gestion du Free Cash-Flow (FCF) et de la dette nette est un sujet crucial pour les entreprises confrontées à l'inflation, à la hausse des taux d'intérêt et aux difficultés d'accès aux financements. De même, les perturbations telles que les problèmes d'approvisionnement, le durcissement des conditions de financement et l’augmentation des taux d'intérêt ont perturbé la stabilité de ces indicateurs, rendant plus complexe le pilotage et la prise de décision par les trésoriers.
Dans un contexte marqué par l’incertitude, de nombreuses entreprises ont rencontré des difficultés à assurer leurs approvisionnements. Certaines ont alors opté pour un accroissement des stocks de matières premières par exemple, avant de connaître une forte reprise de leur activité. Ce changement soudain de fonctionnement a impacté leur variation de Besoin en Fonds de Roulement (BFR) de façon brutale, avec pour conséquence la perturbation de la lecture normative des atterrissages et de la construction des prévisionnels de trésorerie, allant parfois jusqu’à brouiller la lecture de leur FCF.
Or, les ratios de levier dette nette sur EBITDA et le FCF constituent des indicateurs clés pour communiquer auprès des actionnaires et des prêteurs quant à la bonne santé de l’entreprise, et les entreprises doivent veiller attentivement à ces indicateurs afin de rassurer leurs parties prenantes quant à leur performance financière. Certains outils permettent dès lors au trésorier d’agir directement sur le BFR, composante clé de la liquidité.
Optimiser son pilotage financier : quels sont les leviers disponibles ?
On distingue en réalité deux grands types de leviers permettant d’agir sur le BFR:
- Les leviers structurels : Visant à anticiper les variations du BFR en améliorant les processus et l'organisation, ils portent sur l’amélioration de la culture cash, la titrisation de créances, l’optimisation des stocks, de l’O2C ou du P2P. Ces leviers sont plus longs à mettre en place, mais ils permettent un travail de fond pour maîtriser les impacts sur la durée, et ainsi renforcer la résilience de l’organisation.
- Les leviers conjoncturels, quant à eux, permettent de réagir rapidement à des variations ponctuelles du BFR. Ils consistent en des actions ciblées et ponctuelles : cessions de créances déconsolidantes, cash marathons, recherche d’acompte, participation aux programmes de reverse factoring proposés par certains clients… Si l'utilisation de ce type de leviers peut être efficace à court terme, ils peuvent néanmoins se révéler addictifs.
Les entreprises doivent alors trouver un équilibre entre ces deux types de leviers, et anticiper leur mise en place. Il est recommandé de privilégier les leviers structurels, plus vertueux à long terme pour l’organisation, et de réserver le recours aux leviers conjoncturels à des ajustements lors de périodes de turbulences affectant la liquidité, notamment lors des clôtures comptables.
La direction financière doit en outre être capable de piloter à la fois le FCF et la dette nette qui en découle : cela nécessite de disposer d’une vision à moyen-long terme de la prévision de trésorerie obtenue au travers d’une approche comptable de type EBITDA to Cash. Elle doit également travailler en parallèle la vision court terme, au moyen de prévisions dites directes basées sur l’ analyse des encaissements et décaissements sur un pas court, généralement mensuel.
Rappelons enfin que la meilleure prévision est celle qui se confronte régulièrement au réel : un rapprochement régulier entre le prévisionnel et le réalisé permet d’insuffler une mécanique apprenante pour l’ensemble de l’organisation, et ainsi d’inscrire des réflexes dans la durée. Pour que ces actions portent leurs fruits, il est également essentiel de sensibiliser régulièrement l'ensemble de l'organisation à la culture cash et aux actions entreprises.
IA et outils de pilotage financier deviennent incontournables
Enfin, dans un contexte marqué par les crispations, les outils de pilotage jouent désormais un rôle crucial dans l’accompagnement des directions financières, tant pour la gestion du cash au quotidien que pour le pilotage de trésorerie à court terme, ou la gestion des autres sources de liquidité et des leviers afférents. En effet, le rythme imposé au trésorier pour analyser et décider s’est considérablement accru. Celui-ci doit dès lors pouvoir s’appuyer sur des outils et données lui permettant d’évaluer la situation de l'entreprise en temps réel, afin de mettre en œuvre promptement des actions correctives.
Les outils de pilotage financier peuvent aider le trésorier à projeter la position de liquidité de la société à moyen-long terme, et à lancer les actions correctives nécessaires. L'intelligence artificielle (IA), dans le cas de la gestion prévisionnelle de trésorerie, peut ainsi s’avérer un véritable support à l’analyse : en s’appuyant sur le big data et des écarts de prévisions qualifiés, elle permet au trésorier de modéliser et d’anticiper les comportements de l'entreprise, et peut également contribuer à identifier les paiements suspects et prévenir les cas de fraude.
Le pilotage de la liquidité est donc un sujet complexe qui nécessite une approche collaborative, couvrant les aspects à la fois transactionnels, organisationnels, comptables et de communication financière. Lors de la structuration d’une solution de financement du BFR, il peut s'avérer crucial d’impliquer au plus tôt les CAC, interlocuteurs incontournables, mais également les agences de notation si applicable, afin d’aborder avec elles de façon constructive les éventuels ajustements apportés à leur analyse, et in fine, communiqués aux prêteurs et aux investisseurs.